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Projet
« j’peux pas, j’ai Mobil’Sport ! »

Journée internationale du sport

mobilsport

Chaque année, la journée du 6 avril est l’occasion de promouvoir le rôle que jouent le sport et l’activité physique dans les communautés et dans la vie des personnes à travers le monde.

Nous vous proposons pour cela de (re)découvrir le projet Mobil’Sport à travers les yeux de Johann Behr, coordinateur sportif au sein du réseau de la Fédération Nationale du Sport en Milieu Rural, créateur du concept Mobil’Sport en 2015 et surtout passionné de sports depuis toujours !

 

Quel est le profil des participants aux animations mises en place par Mobil’Sport ?

Dans les territoires couverts par Mobil’Sport, la population est âgée. Il s’agit donc en grande partie de séniors concernant les activités déployées régulièrement, mais également de jeunes dans le cadre d’animations plus ponctuelles. Cela s’explique bien sûr d’abord par l’éloignement des infrastructures et clubs sportifs : si les parents des jeunes ont déjà fait de la route pour aller travailler la journée, ils ne seront pas forcément disponibles pour effectuer un nouveau déplacement le soir. Cependant, la réforme des rythmes scolaires a accéléré l’essaimage des camions Mobil’Sport : nous sommes de plus en plus sollicités pour assurer des activités périscolaires et nous faisons beaucoup d’interventions pendant les vacances scolaires.

 

J’habite un village rural dépourvu d’infrastructures sportives, j’ai entendu parler de Mobil’sport et je souhaite faire venir le camion dans ma commune. Comment cela se passe-t-il ?

La plupart du temps, ce sont les collectivités qui font appel à nous : les mairies, communautés de communes… Parfois, ce sont des structures sociales ou bien des associations. D’expérience, nous savons qu’il existe un besoin mais que celui-ci n’est pas facilement exprimé. Nous ne nous attribuons pas de mérite plus que de raison, mais partout où nous avons déployé Mobil’Sport, cela a fonctionné pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de concurrence. Dès lors, nous commençons à travailler avec les mairies pour fixer nos objectifs, puisque nos prestations ont tout de même un tarif (40 euros de l’heure). Pour l’instant, ce sont essentiellement les bénéficiaires qui paient, il faut donc qu’il y ait un minimum de participants pour que le déploiement du camion soit autofinancé pour la collectivité. Nous préférons d’abord tester jusqu’à une dizaine de séances, pour évaluer à la fin de ce test si cela a fonctionné ou non. L’avantage principal est que même si cela n’a pas fonctionné, cela reste avantageux pour les collectivités dans le sens où elles n’ont pas fait de grands investissements pour nous faire intervenir.

 

Vous souhaitez pérenniser votre action grâce au « passage de relais » à des infrastructures locales. Concrètement, qu’en est-il aujourd’hui ?

L’idée fonctionne, mais par rapport à mon ambition de départ, ce n’est pas aussi facile que je l'imaginais. Cinq sites d’activités ont été créés après le passage de Mobil’Sport. En général, il s’agit de sections d’associations de villages voisins qui se sont « exportées » dans la commune concernée pour simplifier les démarches, car créer une association demande quand même d’organiser un bureau, des bénévoles… Ce qui bloque ce « passage de relais » le plus souvent, c'est que l’activité proposée plait tellement que nait la crainte que la nouvelle activité ne soit plus aussi bien. Imaginez : vous êtes heureux de vous rendre dans votre salle de sport car vous appréciez le coach, les agrès, etc. et on vous annonce que dès le mois prochain, on change tout. Allez-vous continuer à y aller ? Notre objectif est que les activités soient pérennes là où on les met en place, finalement s’il n’y a pas de passage de relais et qu’on doit continuer à mettre en place les animations via Mobil’Sport, notre objectif est quand même atteint. Comme tout projet, il y a ce qu’on a en tête au début, et ce qui fonctionne. A nous de co-construire des solutions.

 

Comment contribue Thierry Boullier, salarié de RTE et parrain du projet, à Mobil’Sport ?

Il nous arrive, au cours de nos échanges, de lancer des idées en l’air qui se révèlent très pertinentes concernant le développement du projet ! Lors de notre dernier échange, en présence de l’instructeur Patrick Assailly, nous avons par exemple évoqué les dons de véhicules réformés opérés par l’entreprise RTE. En Ardèche et dans les départements cités plus tôt, la demande est si forte que nous avons atteint le seuil maximum d’animations que nous sommes en mesure de proposer et de communes où nous pouvons nous déplacer. Nous pouvons embaucher un animateur, ce n’est pas le souci. Par contre, aujourd’hui nous ne pouvons pas investir dans un second véhicule.

 

Quel est le meilleur souvenir que vous avez de vos échanges avec les bénéficiaires de Mobil’Sport ?

Le titre d’un magazine de la Drôme m’a particulièrement marqué : « j’peux pas, j’ai Mobil’Sport ». Des personnes sont vraiment dans la détresse face au manque d’activité physique, et Mobil’Sport devient leur rendez-vous de la semaine. Je me souviens d’une grand-mère avec qui j’ai discuté après une séance et qui m’a expliqué « je suis grand-mère, sauf le vendredi matin, car le vendredi matin j’ai Mobil’Sport. Si mes petits-enfants sont malades, je les garderais toute la semaine, sauf le vendredi matin ». Il y a des communes où le taux d’absentéisme aux séances est pratiquement nul. Avec Mobil’Sport, il n’y pas d’excuse pour ne pas se rendre à sa séance. Des études le montrent : s’il y a plus de 8 minutes de trajet, les personnes sont moins motivées à se déplacer jusqu’au lieu de leur activité physique. Mobil’Sport évolue dans des territoires où les personnes doivent faire plus de 30 minutes de trajet pour se rendre dans le premier gymnase, d’où la volonté d’amener le sport au plus près des populations.

 

Quelle est l’activité la plus originale proposée par Mobil’Sport ?

Les sports innovants nous sont très demandés. Je suis basketteur, ça fait cinq ans que j’ai des paniers de basket dans le garage, et bien je les ai sortis une fois en cinq ans ! Contrairement à ce que nous pensions, nous ne sommes pas appelés par des collectivités pour mettre en place des cycles longs d’activité. Les demandes ne concernent pas des pratiques mais des publics, comme « on voudrait des séances pour les séniors, on voudrait des séances pour les jeunes ». Ensuite, nous construisons ensemble la séance en fonction des infrastructures mises à disposition. Même derrière les activités les plus demandées, comme la gymnastique adaptée pour les seniors, nous pouvons toujours amener de nouveaux jeux. L’idée est de faire bouger les personnes sans qu’elles s’en rendent compte, par exemple avec le gate ball, que je vous laisse googler, les personnes ne se rendent pas compte qu’elles ont passé une heure debout, à travailler leur équilibre pour être bien en place, à marcher derrière leur balle…

 

 

11 camions sillonnent déjà les routes de plusieurs départements et 4 sont cours de déploiement ; ouvrez l’œil car vous croiserez peut-être bientôt un camion Mobil’Sport près de chez vous !